LA MORT D'OPHÉLIE

         Fragmento del cuadro de John Everett Millais (Flores que ha recogido Ofelia y caen sobre el río)

"Hay un sauce de ramas inclinadas sobre el arroyo que en el cristal del agua deja ver sus hojas cenicientas. Con ellas hizo allí guirnaldas caprichosas, y con ortigas, y margaritas, y esas largas orquídeas a las que los pastores deslenguados dan un nombre grosero, pero nuestras doncellas llaman dedos de muerto. Cuando estaba trepando para colgar su corona de hojas en las ramas sesgadas, una, envidiosa, se quebró, cayendo ella y su floral trofeo al llanto de las aguas. Su vestido se desplegó, y pudo así flotar un tiempo, tal como las sirenas, mientras cantaba estrofas de viejos himnos, como quien es ajeno al propio riesgo, o igual que la criatura oriunda de ese elemento líquido. No pasó mucho tiempo sin que sus ropas, cargadas por el agua embebida, arrastraran a la infeliz desde sus cánticos a una muerte de barro"

Hamlet (William Shakespeare)

La mort d'Ophélie

Auprès d'un torrent Ophélie

cueillait, tout en suivant le bord,

dans sa douce et tendre folie,

des pervenches, des boutons d'or,

des iris aux couleurs d'opale,

et de ces fleurs d'un rose pâle

qu'on appelle des doigts de mort.

Puis, élevant sur ses mains blanches

les riants trésors du matin,

elle les suspendait aux branches,

aux branches d'un saule voisin.

Mais trop faible le rameau plie,

se brise, et la pauvre Ophélie

tombe, sa guirlande à la main.

Quelques instants sa robe enflée

la tint encor sur le courant

et, comme une voile gonflée,

elle flottait toujours chantant,

chantant quelque vieille ballade,

chantant ainsi qu'une naïade

née au milieu de ce torrent.

Mais cette étrange mélodie

passa, rapide comme un son.

Par les flots la robe alourdie

bientôt dans l'abîme profond

entraîna la pauvre insensée,

laissant à peine commencée

sa mélodieuse chanson.